la revue du vin de France
septembre 1999

 

Têtes de cuvée  

Xavier Copel

 

“Comme un pirate !”, aime-t-il à répéter. Si Xavier Copel se prend pour un corsaire — parce qu’il a tout simplement osé se jeter à l’eau —, c’est avec bonheur que nous découvrons chaque année ses nouveaux trésors.

Portrait d’une start up du négoce.

Son nom ne vous est certainement pas inconnu : il est déjà apparu — à travers ses vins signés Primo Palatum — plusieurs fois dans nos colonnes. Dans La RVF 422 (juin 1998), nous l’avions nommé “Héros du millésime” et dans La RVF 424 (septembre1998), qualifié d’”électron libre”. Dans le spécial millésime 1998 ( La RVF 432, juin 1999), ses vins ont encore été mis à l’honneur.
Xavier Copel a eu une idée de génie : vinifier des cuvées haut de gamme chez des vignerons avec lesquels il a, ces dernières années, tissé des liens privilégiés. L’important, derrière le nom Primo Palatum, c’est de découvrir des vins qui, d’une part, expriment un terroir, et qui, d’autre part, tirent vers le haut des appellations que l’on daigne à peine ranger dans le peloton de tête des AOC françaises — hormis quelques locomotives. “Sur le millésime 1996, on accepte tout à fait qu’un bordeaux atteigne des prix monstrueux, mais un cahors à plus de cent francs en primeur , c’est tout de suite considéré comme scandaleux”, s’insurge-t-il. Les prix sont élevés, car ces “super-cuvées” ont un coût : Xavier Copel achète une partie des meilleurs lots du vigneron, issus des meilleurs raisins, et l’investissement technique est considérable avec, parfois, du 200% en fût neuf (fermentation malo-lactique et élevage) ! L’oenologue n’en démord pas : “Ce discours dénigrant, plus je l’entends, plus je suis sûr d’être sur la bonne voie.”
Quand Xavier raconte son aventure, c’est un flot de paroles. C’est en feuilletant un bouquin de formation qu’il se prend de passion pour l’oenologie. Il se lance aussitôt dans un rapport sur ... le vin de Cahors, sa ville natale. “C’était devenu limpide”, se souvient-il. Il étudie durant deux ans à la faculté d’oenologie de Toulouse

et se retrouve en stage à la ferme expérimentale de Cahors, où il prend goût aux micro vinifications et touche à différents cépages : “On remontait au seau, on enfonçait le chapeau avec les mains dans des cuves d’un hectolitre, on faisait les fermentations malo-lactiques dans des bonbonnes en verre...”.
En avril 1992, il crée une société, Réveil-Papilles, donne des cours et fait ses premiers pas dans le négoce. Primo Palatum naîtra d’un pari entre amis. Xavier contacte un vigneron de Canon-Fronsac et un autre à Cahors. En pleines vendanges 1996, il se lance, sans nom, sans structure, sans étude de marché. Et élabore un cahors, un canon-fronsac, un bordeaux rouge, un sauternes et un jurançon sec en appliquant ses exigences. 8000 bouteilles qu’il faudra commercialiser. Il crée enfin Primo Palatum, le 1er avril 1997. Et, ses bouteilles sous le bras, profite de Vinexpo pour séduire des acheteurs étrangers...
De cinq vins en 1996, le “pirate” passe à dix étiquettes en 1997 (20 000 bouteilles) et à seize en 1998 (38 000 bouteilles). Tout cela grâce à la vente en primeurs, sans laquelle il n’aurait jamais pu faire face. Des négociants comme Dubecq et Europvin lui font d’emblée confiance, mais c’est surtout à l’étranger qu’il se fait connaître, notamment chez Zachys et Mac Arthur, aux États-Unis. À ceux qui le rangent dans la catégorie des producteurs de crus de garage, il rétorque que son but n’est pas d’isoler trois rangs de vignes, mais bien d’essayer, à terme, de faire du volume, dans le même esprit : “Si seulement je pouvais en acheter plus ! ”, s’impatiente-t-il.
 

 

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